Episode #25

#25 Animer une communauté de talents tech en interne : Leboncoin & Deezer

Photo de Guillaume Grillat Tech Community Ambassador chez Leboncoin
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Pour la première fois dans Community Centric, nous recevons un Community Builder chargé d’une communauté 100 % interne. Et pas n’importe quelle communauté, puisque Guillaume Grillat est Tech Community Advocate chez Adevinta, et anciennement Tech Community Ambassador chez Leboncoin, la célèbre plateforme française de petites annonces entre particuliers !

Dans cet épisode du podcast, il nous a expliqué comment il a mis en place et anime une communauté engagée composée d’une soixantaines de profils évoluant dans les métiers de la tech. Guillaume nous a aussi livré ses ingrédients pour maintenir l’engagement des membres et maintenir une dynamique vertueuse. Le tout, en poursuivant les objectifs de son entreprise.

Portrait robot de la communauté tech du Leboncoin

Après 5 ans d’une première vie professionnelle dans les Ressources Humaines, Guillaume réalise que de nombreuses entreprises peinent à fidéliser leurs talents. Travaillant alors chez Deezer, il crée un poste dédié à l’animation des communautés tech. Rattaché au CTO, son rôle est de générer de l’interaction et de l’engagement chez les talents. Mais aussi, des enseignements et de la collaboration avec des experts externes pour l’entreprise. 

Depuis 3 ans, il a repris le même poste, cette fois-ci chez Leboncoin. La marketplace, qui emploie au total plus de 1 500 personnes, compte notamment 600 professionnels de la tech. Pour Guillaume, on ne peut d’ailleurs pas parler d’une communauté homogène, mais plutôt d’un ensemble de sous-communautés. Chaque profil appartient en effet à deux typologies distinctes : 

  • Un métier
  • Une « feature team » (soit un ensemble de métiers qui travaillent sur un pan de l’application, comme le moteur de recherche, la monétisation, etc.).

On retrouve dans cette organisation le modèle Spotify, qui consiste à découper les équipes de l’entreprise en petits groupes pluridisciplinaires. Chez Leboncoin, ce sont donc plus de soixante features teams qui coexistent et fonctionnent de manière autonome. Chacune a ses propres roadmaps, avec des sprints de développement de deux semaines. 

Les sous-communautés peuvent aussi se structurer autour d’autres centres d’intérêt communs. Elles peuvent être affinitaires et se centrer sur des sujets comme la green IT, les femmes dans la tech ou les employés LGBTQI+. 

Pourquoi se concentrer sur les communautés tech ?

On peut se demander pourquoi Leboncoin s’est concentré uniquement sur ses communautés tech. Guillaume nous offre un élément de réponse : il s’agit des métiers les plus en tension au sein de l’entreprise. Il est en effet plus difficile d’attirer, mais surtout de retenir les talents. 

Et c’est précisément ce qui a donné envie à la Direction Générale de se lancer sur ce sujet. Avec 600 profils tech au sein de l’organisation, il y a aussi un gros enjeu de représentativité. Leboncoin est une entreprise tech, et ses équipes sont donc centrales dans les sujets d’animation RH. 

Faut-il mesurer les métriques de succès de sa communauté ?

Pour Guillaume, le suivi des « performances » de la communauté est un sujet à double tranchant. Selon lui, la communauté ne naît pas uniquement parce qu’on la crée. Vous connaissez le dicton, on ne naît pas communauté, on le devient !

Comme il l’explique dans l’épisode, pour Guillaume, la communauté doit se structurer par elle-même, ce qui demande un certain temps. Il est donc dangereux de s’imposer des objectifs quantifiés très précis à ses débuts, au risque de se sentir découragé par une courbe de progression qui n’a rien d’exponentiel.

D’après son expérience de Community Builder, il faut surtout surveiller le degré d'animation de la communauté. Dans le cas de Leboncoin, c’est le degré de vie sociale sur Slack. Guillaume invite donc à surveiller le dynamisme et la proactivité de ses membres (notamment en ce qui concerne l’organisation des évènements et la création de contenu). 

Attention aux objectifs stratégiques et commerciaux des communauté 

La crispation sur les métriques découle aussi d’un investissement parfois trop stratégique. Pour une entreprise tech, ce sont les enjeux de recrutement qui sont très forts. L’organisation va donc chercher à mesurer l’impact de chaque événement sur son recrutement. Or, ces derniers n’ont pas forcément vocation à sourcer les talents, mais parfois simplement à partager des apprentissages. Guillaume alerte : si un événement est trop dénaturé en raison de la prégnance des objectifs de l'entreprise, les participants vont le ressentir et le fuir. 

Guillaume nous alerte donc sur les dangers à trop rattacher des enjeux commerciaux à ses initiatives communautaires. Il peut se passer des années entre un premier point de contact lors d’un Meetup et le moment où le talent intégrera un processus de recrutement. Une logique trop centrée sur le ROI risque d’enrayer la machine et d’être contre-productive.

C’est dans cette optique que Guillaume réserve une journée dédiée à chaque sous-communauté toutes les deux semaines. Ces moments permettent de réaliser une veille technologique, de renforcer les échanges pour faire évoluer les pratiques métier et de planifier les prochains événements communautaires.

Trouver le bon équilibre évènementiel 

Guillaume a aussi trouvé le bon équilibre entre les gros événements externes qui font beaucoup de bruit et les événements plus confidentiels, réservés aux membres de sa communauté. Leboncoin organise par exemple chaque année le LBC², qui rassemble tout l'écosystème de la tech pour partager des enjeux communs et des bonnes pratiques. 

Les événements internes se font plutôt sur le format du “Brown bag meeting, rassemblent une communauté spécifique dans l’agora de l’entreprise. Ils permettent de faire intervenir des experts externes et facilitent la prise de parole des profils techs, qui se sentent moins jugés. 

Quels outils pour structurer une communauté diversifiée ?

Vous l’aurez compris, la communauté tech chez Leboncoin est très variée. Elle regroupe des profils différents, des formats et thématiques très larges. Pour animer ce petit monde, Guillaume a mis en place un guide des droits et des devoirs des membres. Ces deux dernières années, il s’est employé à structurer toutes les possibilités qui leur sont offertes, notamment pour se former, bénéficier de coaching, etc. 

Cet aspect étant désormais bien organisé, il commence à dessiner une feuille de route sur les enjeux plus stratégiques pour l’entreprise. Concrètement, cela prend la forme d’une roadmap élaborée en partenariat avec la direction technique, le service communication et les RH. 

Malgré (ou peut-être en raison de) un tel fourmillement et croisement des disciplines, Guillaume se concentre sur un nombre très limité d’outils. Comme tous les Community Builders, il tient compte des usages et pratiques de ses membres. Il a par exemple remarqué qu’ils sont usés par les emails et s’en éloigne donc pour privilégier Slack. Sa communauté est aussi très active sur les réseaux sociaux, dont LinkedIn (ce qui est logique dans une perspective de marque employeur). Mais elle devrait se déployer bientôt sur Twitch, en s’appuyant sur des membres qui sont déjà streamers à titre personnel. 

Les ingrédients d’une communauté engagée 

On conclut nos échanges avec Guillaume sur ses bonnes pratiques pour une communauté engagée et qui se développe efficacement. 

D’après ses nombreuses expériences, il voit à ces dernières plusieurs principaux points communs : 

  • Un socle de référentiel communautaire bien installé. Par exemple, Leboncoin avait déjà des groupes métier bien organisés et structurés ;
  • Le leadership, très important pour animer les sous-communautés ;
  • Une culture interne forte : avec une vision commune et des temps communautaires protégés. Guillaume nous encourage à nous connecter à la culture de nos membres pour reprendre leurs codes ;
  • Une logique communautaire bien ancrée, et détachée en partie des enjeux commerciaux de l’entreprise. Néanmoins, il reste important de toujours avoir l’aval de son top management, quitte à se battre pour pousser des activités qui n’offrent pas un ROI immédiat ;
  • Une recherche permanente d’excellence. Un événement nécessite par exemple un bon matériel pour le son et l’éclairage. Sinon, on risque de passer à côté et de décevoir ses membres. 

Le motto de Guillaume, c’est de ne pas mettre la charrue avant les bœufs. La communauté permet d’instaurer un cercle vertueux, de créer du lien et de mieux apprendre ensemble. C’est cet engagement qui donne envie aux talents de s’investir dans l’entreprise et qui permet de renforcer sa culture interne (et donc sa marque employeur). Mais cela suppose un engagement tout aussi fort et désintéressé de la part de l’organisation.

Bref, en matière de communauté : on récolte ce que l’on sème !

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