Episode #18

#18 - Miser sur la force du collectif, avec Pauline Trequesser de Cosme

Photo de Pauline Trequesser, fondatrice de Cosme
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Dans ce nouvel épisode de Community Centric, on vous emmène dans l’univers des collectifs de freelances ! Alexandre et Noémie ont rencontré Pauline Trequesser, la fondatrice de Cosme, le premier collectif structuré et engagé en France. 

Basé à Bordeaux, Cosme existe aujourd’hui depuis 5 ans. Le collectif se dédie au branding, à la création de contenu et au web sur mesure et éco-conçu. Avec une belle expérience dans le domaine des communautés (elle anime également le podcast Puissance Care), Pauline est surtout la première fondatrice d’un collectif, avec qui nous avons eu le plaisir d’échanger. 

Nous l’avons donc faite passer sur le grill (en toute bienveillance, bien sûr) pour décortiquer le concept de collectif et les rouages pour assurer sa cohésion sur le long terme. 

Qu’est-ce qu’un collectif ?

Si beaucoup ont émergé ces dernières années, on peine encore à donner une définition concrète de ce qu’est un collectif. Dans le cas de Cosme, nous sommes face à un collectif de freelances. Autrement dit, un groupement de travailleurs indépendants qui se fédèrent pour répondre à des besoins variés dans des secteurs d’activité différents.

Lorsqu’elle se lance il y a 5 ans, Pauline est une pionnière dans son domaine. Elle part en effet d’un constat assez simple. Les agences traditionnelles ont un modèle à bout de souffle et il manque une réelle alternative entre ces dernières et les plateformes de mise en relation entre indépendants et entreprises. 

Elle lance donc le collectif Cosme comme un modèle plus proche de l’artisanat, avec une vision très locale et un groupe à taille humaine, animé par des dynamiques communautaires. Aujourd'hui, de nombreux collectifs ont suivi l’exemple de Cosme, mais pas un seul ne se ressemble. Si des modèles inspirationnels émergent, les structures juridiques, les outils et l’organisation intrinsèque de chacun sont en effet fondamentalement uniques. 

C’est d’ailleurs ce que Pauline adore dans ce mouvement qui ne se structure pas. Adopter le modèle du collectif permet donc de coller à ses envies et besoins. Dans le cas de Cosme, l’objectif était de créer un groupement plus juste et plus transparent. Et surtout, de redorer l’image (à l’époque un peu has been) du freelancing. 

A quoi ressemble le collectif Cosme ?

Lorsqu’il émerge il y a 5 ans, le collectif n’a pas de contours précis. Pauline constate simplement qu’il y a beaucoup de freelances talentueux à Bordeaux, mais qu’ils sont souvent isolés et développent leur activité dans leur coin. 

Elle décide donc de créer une communauté qui prend la forme d’un groupe Facebook réunissant alors 2 000 personnes. Pauline organise également des évènements sur Bordeaux pour échanger entre pairs. C’est finalement un de ses clients qui accroche avec le projet et lui propose de créer une société à travers laquelle elle pourra facturer plus vite. 

Ensuite, c’est le fameux effet boule de neige… Elle rencontre de plus en plus de clients intéressés par ce collectif. Mais Pauline croise surtout la route d’une DA, une motion designer et deux développeurs avec lesquels elle va se réunir pour donner corps à Cosme. Ensemble, ils sont plus forts, et peuvent répondre aux besoins de leurs clients de A à Z. 

La gouvernance du collectif Cosme : vers un modèle de coopérative

5 ans plus tard, c’est toujours la même équipe qui est aux manettes de Cosme. La gouvernance fonctionne de manière concentrique. 

  • Le premier cercle réunit un maximum de 20 personnes qui développent le collectif et apportent du business ;
  • Le second cercle est composé des freelances qui gravitent autour de l'écosystème et qui interviennent en support sur certaines missions. 

Pour animer le tout, Pauline a migré de Facebook pour passer à des outils collaboratifs plus performants, comme Discord. Mais le collectif étant local, il se rencontre également très souvent en chair et en os lors d'événements physiques

Cette taille critique de 20 personnes maximum dans le premier cercle permet au collectif de garder son agilité et sa flexibilité. Les membres de Cosme se rencontrent seulement deux fois par mois lors de coworking days, où ils peuvent se dédier aux projets du collectif et organiser des réunions clients. Deux à trois fois par an, Pauline organise également des temps forts en coliving, où tout le monde peut se réunir pour travailler ensemble et prendre un bol d’air frais.  

Face à l’engouement autour de Cosme, Pauline et ses premiers partenaires ont récemment décidé de sauter le pas et de devenir une coopérative. Une belle façon de structurer un collectif qui a travaillé en toute confiance et sans rien se devoir pendant 5 ans. Mais surtout de porter plus haut ses valeurs !

Comment incarner ses valeurs collectives au quotidien ?

Les valeurs du collectif Cosme n’ont pas beaucoup changé depuis sa création, si ce n’est qu’elles se sont largement démocratisées avec le Covid. Pauline insiste sur les notions d’agilité, de flexibilité, d’authenticité, mais aussi de liberté. 

Au départ, il a néanmoins fallu débroussailler les notions de freelance et de collectif, qui n’avaient alors pas beaucoup de visibilité. Cosme les a rendu plus désirables en insistant sur la possibilité de choisir ses projets et ses clients. Le collectif renverse la tendance en offrant à ses membres le luxe de la liberté. 

Pour faire vivre les valeurs du collectif au quotidien, chaque membre a également endossé un rôle informel. Tout le monde prend sa part en se positionnant naturellement sur des projets liés aux réseaux sociaux, au web ou au care, en fonction de son expertise. Avec la coopérative, cette distribution des rôles est aussi désormais gravée dans le marbre. 

Ce modèle organisationnel permet à chacun de trouver sa place et d'œuvrer pour développer le collectif. Le fait d’avoir tissé des liens humains très forts avec ses membres facilite le partage des tâches. Mais le modèle économique même de Cosme y participe également, en permettant à chacun de toucher un pourcentage sur les missions apportées au collectif. Un bon moyen de motiver les freelances à se consacrer à cette tâche un peu ingrate. 

Finalement, intégrer le collectif est donc tout bénef pour ses membres. Une vision positive de la dynamique communautaire, qui permet de la nourrir naturellement et de booster la cohésion sur le long terme !

Sélectionner les nouveaux membres du collectif : un travail d’équipe

Pour sélectionner les profils qui rejoindront Cosme, Pauline a commencé par mettre en place un formulaire basique sur son site web. Mais elle a vite été dépassée par les milliers de demandes ! Finalement, elle a opté pour le modèle de la cooptation. Elle fait désormais entrer de nouveaux membres qui vont développer le collectif et assurer des relations saines en son sein. 

La sélection des membres se fait donc en deux temps : 

  • Le talent : validé par la recommandation, l’étude du travail et de la patte créative de chaque nouveau freelance ; 
  • La rencontre avec l’équipe : chaque potentiel nouveau membre vient à un coworking days afin que le collectif puisse sentir s’il y a un match ou non. 

En effet, les relations humaines sont très importantes dans un collectif. Pour éviter qu’il ne se gangrène, il faut que tout le monde s’entende bien. Si Pauline a eu le nez fin sur ces 5 premières années, le processus d’onboarding devrait lui aussi se structurer avec le passage à la coopérative. 

Vers un futur du travail plus ‘plat’ et coopératif ?

Pour Pauline, le futur des collectifs sera coopératif ou ne sera pas ! Il promet de prendre progressivement le pas sur les collectifs fantômes et très peu structurés regroupant seulement 2 à 3 freelances. Selon elle, il est en effet crucial que les freelances ne restent pas seuls, à la fois pour leur santé mentale et physique. Intégrer un collectif deviendra absolument nécessaire, peut-être même plus que le modèle communautaire (plus large et moins local que celui du collectif). 

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